[Art Cousu] : cheminement
Comment écrire le cheminement d'un projet ?
Décrire le trajet, l'exercice se fait , je vous y est invité ici dans l'écriture de mon tableau d'inspiration.
Je ne sais rien de celle qui a peint ce tableau et de ce qu'elle y a inscrit si ce n'est le nom qui lui a été donné " Star Dreaming".
12 novembre une sonde humaine s'est posé sur un astéroïde à 6 milliards de kilomètres de voyage.
Rêve des étoiles.
S'allonger dessous et s'y perdre. Se perdre dans les toiles aborigènes, s'en laisser traverser. Laisser l'énergie vibrer.
Une rencontre comme une toile de Rothko ou de Paul Newman.
Pourquoi le tableau d’un artiste aborigène ?
...un frère
devenu australien, le questionnement sur ce qui fonde mon identité bretonne, une exposition à l’abbaye de Daoulas Grand
Nord-Grand Sud.
Mais surtout parce qu’il s’agit certainement d’accepter de se perdre dans une œuvre d’art
choisie contemporaine et enracinée dans la nature/Gaia.
Il s’agit de l'accès à une iconographie possible
de nos espaces.
Il s'agit de construire un vêtement celui qui re-vêt et qui dessine dans l'espace collectif une trace de soi.
« Cercles concentriques, points,
demi-cercles, lignes sinueuses et empreintes animales se combinent à l’infini
et composent la trame de ces œuvres semi-abstraites qui révèlent l’existence d’une
cartographie mythique de l’Australie, celle des pistes de Rêve ou itinéraires
mythiques des ancêtres qui s’entrecroisent sur la quasi-totalité du continent » in Grand Nord Grand Sud, artistes
inuits et aborigènes, ed Palantines
Comment vous dire ces échos ...les vibrations de l'eau, les étoiles et ces points cercles qui sont accès à d'autres dimensions en nous... et puis ces couleurs bigoudènes, tibétaines ou celles de ce si bel automne indien...ces formes et les espaces de chez moi qui résonnent dans les sculptures et pierres.
Dans ce jeu proposé de [Art cousu] il s'agissait bien d'une oeuvre d'art et d'un vêtement portable au quotidien mais aussi de photos.
Et finalement ce qui bloque depuis des mois s'est évaporé. Je n'aime pas les photos en intérieurs de ce que je couds de manière générale, quelque chose de trop étriqué ou peut être de trop personnel ou plutôt partiel, une facette répétitive , un peu normée dans ce monde envahit d'images... Il me manquait dehors, pas la ville, non dehors, la nature, cet espace autour, le bruit du vent et de l'eau, l'odeur de la terre ... La vie en milieu urbain est âpre.
Coudre mes vêtements c'est aussi reprendre des traces de gestes de lignées de femmes et reprendre les chemins de mon espace à moi . Ces femmes étaient de terre, pas de villes. Il ne peut alors que s'agir de cela à écrire un vêtement en gestes de fils et de tissus qui couvrent le temps et les heures, il s'agit de mon espace personnel , de celui qui se propose aux autres et donc fondamentalement de la terre/gaia , de la féminité et du vivre ensemble. Inclure et ouvrir.
Doit-on nommer le cheminement d'un projet ?
J'ai retrouvé cette question dans cet article de Jean-Michel Le Boulanger pour le catalogue de l'exposition Grand Nord Grand sud et j'avais envie de conclure cet article assez personnel par cette réflexion plus collective.
"
Toute œuvre est faite de citations , visible ou non. Toute création
emprunte. Toute création est palimpseste. Ce qui affleure porte trace d’un cheminement.
Doit-on nommer le cheminement ?
(…) Chaque identité culturelle s’élabore à travers un
processus d’assimilation et de différenciation par rapport à d’autres
identités. Car si l’on emprunte, c’est pour intégrer et reconstruire toujours
sa manière d’être au monde. Sa manière d’être soi, cette grande affaire qui
nécessite des discours, des symboles, des actes ; une machine à construire
de l’unité.
(…) Nous sommes toujours de quelque part, bien sûr, mais
nous construisons aussi une citoyenneté terrienne et , comme jamais dans l’histoire,
nous bricolons nos identités. Le temps du monde fini est bel et bien venu.
Jamais plus nous ne serons d’un seul lieu, d’une seule appartenance, d’une
seule naissance.
(…) Reprenons Glissant : « Agis dans ton lieu,
pense avec le monde », (…)
« Vivre le monde : éprouver d’abord son leu, ses
fragilités, ses énergies, ses intuitions, son pouvoir de changer, de demeurer.
Vivre le lieu : dire le monde aussi bien. »
(…) « Plus on est enraciné , plus on est universel «
disait Guillevic. «
Doux rêve à vous !
" Mais surtout parce qu’il s’agit certainement d’accepter de se perdre dans une œuvre d’art choisie contemporaine et enracinée dans la nature/Gaia."
RépondreSupprimervoilà ce qui est parlé ! fil des pensées, fil de la parole
merci pour les citations sur l'identité et pour Glissant et son identité "rhizôme"
et j'avais bien ri de voir à Daoulas, les Bretons en traits d'union des Antipodes les Bretons...
Cette exposition de Daoulas inuit aborigène était un grand moment , entre autre parce que les textes étaient intelligents sans facilités. Le catalogue reprend ces textes et j aime le reparcourir.
SupprimerMerci pour ce beau texte, et ces belles photos...
RépondreSupprimerVous êtes bienvenue :-)
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