Feminisme, genre, handicap, racialisation

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Dernier post de 2018 dans un climat social pour le moins tendu et explosif : le vieux mode se craquèle, laissant apparaître combien est délabré notre roman collectif d'égalité et de liberté qui seraient déjà acquises pour toujours . 

Et pourtant je finis cette année optimiste. Il y a sous jacent des changements radicaux. Il y a de multiples  communautés qui se créent et se croisent et s'interrogent et se respectent dans leurs différences . 
Il y a des expériences, partout.

Vous vous rappelez de Nuit Debout, vous vous souvenez de cette rencontre sur la place sociale avec les techniques de communication non violente, avec le langage inclusif, avec les groupes non mixtes ?

Nous avons fait un sacré bout de chemin du scientisme des deux siècles précédents à notre monde qui se réveille au milieu du changement climatique et du capitalocène se demandant douloureusement que sera le monde de nos descendants directs.

La colère gronde. La colère de la déception et du sentiment de trahison, de l'exclusion et des inégalités, non masquées désormais.

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Et dans le même temps, tout change joyeusement et positivement  : la manière  de s'alimenter par exemple, et donc le rapport aux paysans, les repas familiaux et les spécificités alimentaires des convives. Nous nous interrogeons mutuellement : vegan, végétarien, flexivore, omnivore , allergique et allergique à quoi, hypersensible ? 
Nous expérimentons des situations bancales, bricolées, de la frustration et des fous rires.

Est ce si difficile finalement ? Est ce si dangereux si il n'y a pas d'homogénéité, si tout les convives ne mangent pas pareil ? Est ce si douloureux finalement d'affronter ce risque de ne pas savoir, de se tromper ?

Il s'agit toujours de croyances, de ces normes internes qui nous guident. 


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Il y a  des arêtes dans le poisson. Baie d'Audierne. pol, 2018


Je me suis aperçue ces dernières années qu'il y avait tant de choses que je ne savais finalement pas.

Je suis mère d'un adulte handicapé  mais je ne sais rien pour cela de ce qu'est être handicapé . Et je ne connais que les handicaps de mon fils . Un peu ceux des amis et des membres des associations fréquentées . Mais un peu seulement .
J'ai épuisé ma patience dans les micro violences quotidiennes, les regards qui se détournent, les commentaires chuchotés, la pitié, le jugement des bien connaissants, le normatif … Mais j'ai aussi rencontré de chouettes humains, des regards éblouissants, des gestes apaisants et une créativité époustouflante. 
La vie quoi .

Je suis blanche, dans une société en grande majorité non diverse.

Je ne me suis jamais demandée si j'étais : il, elle, iel ?

Je descends d'un groupe social relativement homogène depuis des générations - comme beaucoup d'entre nous si nous regardons au delà des illusions des trente glorieuses et de l'ascenseur social- .

Je suis construite autour de normes internalisées.
Je parle d'une place privilégiée vivant dans le monde occidental.
Je suis aussi complice d'oppressions.
Je suis juste humaine.

Le monde n'est définitivement nullement binaire . Jamais .

Et j'ai beaucoup à comprendre, à réapprendre différemment .

Accepter de sortir de notre zone de confort et ouvrir les bibliothèques, pas celle que nous connaissons par cœur, pas celles du "féminisme blanc bourgeois, hétérosexuel à la française", pas celles de l'écologie politique du XX ème, pas celles de la bio industrielle, pas celles des romans officiels, quels qu'ils soient. La société capitaliste est blanche, raciste, inégalitaire, cis genre,  machiste et violente, très violente contre toute atteinte à son pseudo universalisme. Et ensuite ? Prendre son vélo au lieu de la voiture quand cela est vivable…. oui... mais intellectuellement surtout . 

Les marges existent .

Les marges sont infinies d'humanité .

Sortir de l'universalisme, du scientisme .

 Sortir du binaire !

Et m'arrêter dès que le jugement apparait, respirer et affronter cette norme en moi, cette anxiété de l'inconnu : 

je n'ai en fait aucune idée sur ce sujet
et c'est OK.




C'est étrange mais ce :  j'ai beaucoup à déconstruire est libérateur.

Il s'agit de bienveillance, d'empathie, de rencontre.

Ce serait pas mal pour commencer 2019 :  accepter notre colère pour ce qu'elle est une émotion vitale mais non exclusive ? Toucher nos limites internes pour ce qu'elles sont des normes sociales apprises. Elargir notre vocabulaire. Investir nos émotions et ce qu'elles ont de corporel. Développer notre empathie .

La vie quoi !




Et une petite biblio rapide  :
- Henry D Thoreau, Damasio, "Reclaim" de  Emilie Hache, Maya Angelou " Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage", "Nu " de Joanne Mico, "Réver l'obscur" et "Chroniques  altermondialiste" sur Starhawk chez Cambourakis, "Atlas Strugged" de Ayn Rand, "La Tour de Babylone" de Ted Chiang, 
-Pour les enfants :
Lili de Gwen Le Gac  et Le secret de Jeremy de Patricia Hermes et lesAiles de Camille de Jean Jacques Marimbert,


Sur France Culture : La Fabrique de l'histoire , relève en histoire des femmes et des genres

Sur You Tube la conférence Ted X de Antonin Le Mée, Binaire c'est pas mon genre

et les posts de Kate O Sullivan

https://www.kateosullivan.org/

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