tricoter éthique, on the road, le chanvre
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| sur mes aiguilles |
Dans les bouleversements actuels affleurent les changements sous jacents depuis de longs mois...arrêter de ne faire que penser le chaos social - ce qui déjà nécessite une énergie infinie rien que pour survivre au naufrage des mots-, conclure la déconstruction nécessaire et bâtir de nouveaux chemins.
Les conférences gesticulées de Franck Lepage me font rire aux éclats ...ce qui déjà est bon signe;-).
J'invente de nouveaux plats et de nouvelles recettes et si La Petite regrette un peu le bœuf dans ses lasagnes, la sauce béchamel à la farine bio locale de sarrasin et blé la réconcilie de part son onctuosité avec les lasagnes de légumes ;-).
Et puis j'ai rencontré l'AMAP du quartier dont les produits viendront compléter ceux du petit marché.
Je n'ai toujours pas trouvé quelques mètres carrés de terre à sous louer auprès de chez moi, alors je poursuis l'investissement du béton du trottoir, des graines, veiller sur les plants et surtout raconter et expliquer aux passants-voisins que oui un espace commun vivant peut exister mais que non cela ne dépend pas que des services municipaux de la grand ville.
Mais revenons à nos moutons textiles qui sont dans des prés pas si éloignés d'ailleurs...
Je poursuis mes lectures sur l'histoire de la proto industrie textile en Bretagne et dans les pays attenants.
Qu'en est-il du chanvre ?
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| chanvre, |
Pour vivre dans une ville où l'industrie toilière a marqué longuement l'histoire et qui reste la productrice moderne de semences de chanvre, je suis fascinée par la non reconnaissance par ses habitants de l'architecture si particulière des maisons artisanes où se travaillait le chanvre : la cave semi enterrée avec sa porte ronde, le RDC surélevé avec son escalier est cependant un signe évident.
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| La Bazoge |
Ce temps semble avoir été gommé des mémoires !
Et pourtant il suffirait d'écouter...il y a même des archives sonores ici ou là comme les archives sonores de la Sarthe.
Il y avait vers 1850 en Sarthe, 5000 artisans chanvriers qui produisaient, de la plantation au produit fini, tous les dérivés du chanvre textile du fil à cordages à la toile fine vestimentaire ou au linge de maison. Dans mon quartier travaillaient et vivaient 400 tisserands. 2/3 de la main d’œuvre masculine du secteur secondaire du département travaille le chanvre au milieu du XIX ème.
Ensuite ...et bien la mécanisation et surtout l'industrialisation ne se fait pas, il n'y a pas d'investissements, pas de vision politique industrielle, la concurrence internationale devient défavorable, la guerre de Sécession est terminée et la concurrence des cotons américains se mondialise avec de nouveaux producteurs toujours moins chers ,vers l'Asie et l'Afrique, la France produit son coton en Algérie. Vient ensuite la fibre synthétique et son invasion planétaire.
En 1966 la dernière filature ferme.
Que faut-il comme traumatisme historique pour effacer totalement cette histoire pluri-centenaire? que faut-il comme séquelles traumatiques de la Grande Guerre et de ses infinies morts des hommes pères, maris et fils ? que faut-il comme terreur de la pauvreté, séquelle de l'effondrement de cette proto industrie qui faisait vivre fort correctement tant de familles, pour que la toile de chanvre ne soit bonne dans nos imaginaires de 2014 qu'à faire des sacs rêches ? que faut-il comme traumatisme culturel de ces descendants d'agriculteurs-artisans, de ces femmes aux doigts habiles pour que ces adultes du XXIème urbains et en quête d'identité ne sachent même plus ce qu'est le chanvre textile sauf au mieux un souvenir d'une visite à l'écomusée lors de "tourisme" estival "culturel" ?
Lorsqu 'on lit les commentaires sur les sites qui se relancent dans les produits textiles dérivés du chanvre, les mêmes idées reçues reviennent au galop : la fibre végétale c'est rêche, ça sent mauvais, c'est difficile à entretenir...
Et pourtant du chanvre, on peut tout en faire, du jersey, du molleton, de la soie...Si si :-)...pour les incrédules, plus de détail sur l'innovation dans les textiles de chanvre ici sur SensiSeeds.
Il faut poursuivre le travail de déconstruction des lieux communs, retravailler le langage, rétablir les contre-vérités de Franck Lepage ( je vous ai dit je n'erre jamais très loin du sujet principal ;-).
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| japan apron, aiguilles sous breizh | ,toile de chanvre |
Mais je disais qu'en parallèle de la réflexion, l'action était indispensable. Et donc selon le principe de mon adhésion à l'AMAP, je vais m'essayer à acheter différemment fils à tricoter et tissus, matériaux naturels et respect absolu du travail humain nécessaire à l'ensemble de la production.
Pour les tissus, les brocantes restent une mine de toiles anciennes, la phase suivante va être d'apprendre à les teindre naturellement ;-)
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| alabama chanin |
J'avais déjà débuté cette réflexion avec les laines des Toisons Bretonnes et le pull d'aran de monsieur avance pas à pas au fil d'un point de blé uni pour les manches, un brin fastidieux ;-).
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| aiguilles sous breizh, pull aran, laine toisons bretonnes |
J'ai fait un break en tricotant une couverture de bébé en coton bio GOTS venant de Turquie via je ne sais pas la suite...mais bon GOTS est un des labels dits bio qui tient en compte le respect de conditions de travail convenables.
C'est à ce moment là que Kaneh Bosem a commercialisé son nouveau fil Ostane chanvre/coton 100% recyclé avec une offre de lancement associant un très joli modèle Sablier de Elise Dupont, ce qui me permettait un doublé : du fil non industriel, à filière connue et végétal et un patron artisanal.
En dehors de toutes ces considérations, ce fil est un réel plaisir pour moi qui travaille à partir des sensations. Il est doux, avec une torsion qui évite les noeuds de tension, le toronnage est ferme, les différents brins ne se déplient pas comme avec le Bomull- lin de Drops qui rend le tricot fastidieux.
Quand au patron de pull de Elise Dupont Designs, il est parfaitnonbstant le léger décalage du passage à une écriture ancienne base de mon apprentissage à une écriture modernisée mais au sens mystérieux - mais rassurez vous il y a des tutos en image :-)-.
Je découvre en la même occasion le tricot de haut en bas et cela risque de devenir vite addictif :-).
J'ai choisi la version morphologique pour reins cambrés et pour l'instant tout tombe parfaitement sur Hermione le mannequin!
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| Pull sablier Elise Dupont designs |
Mais sur ce, j'y retourne !
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| aiguilles sous breizh, work in progress sablier |
Doux tricot et douces lectures !
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bibliographie
- aux presses universitaires de Rennes de Jean Martin, Yvon Pellerin, Du lin à la toile, la proto-industrie textile en Bretagne, 2008
A voir sur le site de l'Université de Rennes :
Bonjour à vous! Et si vous deposiez ce que vous savez de l industrie du chanvre et du lin par chez vous? Je sais que beaucoup d entre vous sont rebutés par blogger mais vous pouvez m envoyer un message par le lien en haut de page, j en ferai un post synthétique :-). Bon premier mai à tous!!!
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